Mon témoignage
J’ai 37 ans lorsque je suis enceinte de mon deuxième bébé.
Avec mon conjoint, nous souhaitons un accouchement à domicile. Nous ne trouverons aucune sage-femme dans notre secteur. Pas de plateau technique proche de chez nous pour un suivi global et un accouchement naturel. Un désert, et pas d’autres choix que de se rendre à la maternité la plus proche. Cette idée ne m’emballe pas du tout. Nous décidons alors en vain de nous former à l’ANA (accouchement non assisté). Mon conjoint sera le seul présent pour m’accompagner lors de la mise au monde de notre bébé. Nous nous préparerons aux gestes de premiers secours, aux éventuelles complications liées à la naissance et nous installerons tout le matériel nécessaire pour cet évènement. Je remarque aujourd’hui que de plus en plus de couples, en toute discrétion, ont recourt à cette pratique par dépit et manque de choix. C’est un sujet à développer car tabou et qui fait l’objet de nombreux débats actuellement.
Formée à l’hypnonaissance, nous nous préparerons avec cette méthode pour optimiser nos chances de vivre une naissance la plus naturelle possible.
Un mois avant le terme, bébé décide de venir découvrir notre monde. Un vent de panique s’installe face à la prématurité du début du travail. Mon conjoint souhaite que nous nous rendions à l’hôpital. Arrivée à la maternité, nous sommes accueillis par une sage-femme qui nous accompagnera pour une première consultation. Je me retrouve dans une petite salle, allongée sur une table d’examen inconfortable et dure avec des néons en plein visage. La sage-femme met en place le monitoring qui durera 40 minutes puis toucher vaginal. Une éternité pour moi. C’est une douche froide, stress, angoisse et une grande difficulté à me mettre dans ma bulle. Cela d’autant plus que pour mon premier accouchement, j’ai évité tout cela par un choix d’accouchement en plateau technique avec un suivi global. Le seul acte que j’ai eu fut un toucher vaginal à l’arrivée de la sage-femme à la maison.
Mon conjoint interpelle la sage-femme pour lui expliquer qu’un plan de naissance est présent dans notre dossier. Elle lui répondra que cela n’est pas le cas et qu’elle va vérifier. Petite parenthèse : le jour de mon inscription à la maternité, j’ai présenté mon plan de naissance à la sage-femme qui m’a accueilli ce jour-là. Après l’avoir lu entre les lignes et me disant que le clampage tardif du cordon était un mythe, elle m’affirme qu’il sera présenté à la prochaine réunion de l’équipe. Malheureusement cela ne sera pas le cas.
Un moment plus tard, la sage-femme revient en disant que oui le plan de naissance est présent mais qu’elle ne pourra pas répondre à nos demandes car elle n’est pas formée à ce type d’accouchement. Nous demandons à parler au gynécologue de garde qui ne souhaite pas se déplacer et refuse également toutes nos demandes. Mon conjoint arrivera à négocier pour que je ne subisse pas l’injection systématique d’ocytocine de synthèse pour faciliter la délivrance. Nous aurons également un droit d’accès à la salle nature avec la seule baignoire du service. C’est clairement un enfer et j’ai envie de partir en courant (en rêve !!!). J’essaie un maximum de rester dans ma bulle et d’accompagner mon bébé. Je me détends, je respire, j’utilise mes visualisations, je bouge, je marche pendant que mon conjoint essaie de préserver mon intimité et mon calme en faisant la jonction avec les soignants. Un monitoring me sera administré en posologie 24H/24. Il ne me quittera plus malgré ma tentative de l’enlever et ma demande explicite dans mon plan de naissance de limiter les interventions. Mais quelle chance ! il va dans l’eau donc je peux enfin me prélasser dans un bon bain d’eau chaude, victoire !! De courte durée car la sage-femme est dans un tel stress, apeurée et vient vérifier le monitoring constamment.
Après toute cette agitation autour de moi, j’arrive à glisser dans un état de profonde relaxation ou je peux accompagner chacune de mes contractions (que j’appelle vague pour plus de douceur) avec ma respiration. Je suis totalement immergée dans l’instant présent. J’oublie le monitoring, l’environnement et la sage-femme avec ses aller-retour incessants (d’après mon conjoint). Puis je m’endors dans la baignoire. Combien de temps ? je ne sais pas, le temps n’existe plus.
Puis je sens que je commence à avoir des vagues utérines plus fortes, qui serrent de plus en plus. Le moment de la naissance de mon bébé est arrivé. Je suis toujours dans l’eau et je compte y rester mais la sage-femme placée derrière moi devient oppressante et ne me laisse plus le choix, je dois sortir.
Et je sors de cette grande baignoire en enjambant son haut rebord avec mon bébé la tête engagée prêt à venir au monde. Cet un déchirement intérieur et je sors totalement de ma bulle. Je suis debout me tenant au bord du lit et je pousse, je pousse comme demandée au lieu de pouvoir souffler mon bébé (je vous invite à lire l’article concernant l’hypnonaissance si vous souhaiter de plus amples informations).
La sage-femme voyant le premier bras de bébé le tire sèchement pour le dégager ne lui laissant pas le temps de sortir lui-même son autre bras et me privant de le prendre moi-même. Puis elle coupera immédiatement le cordon ombilical tout en se justifiant qu’elle avait très peur qu’il soit enroulé autour du cou.
Au bout de 6h, bébé est avec nous en bonne santé et nous pourrons profiter d’un moment de calme et d’intimité en peau à peau.
Voici mon témoignage qui au premier abord parait plutôt négatif et peu encourageant. J’ai longtemps eu cette vision des choses et puis un jour une prise de conscience. « Attends ! regarde, tu as réussi à accoucher naturellement, à accompagner tes vagues utérines dans le calme et la douceur et non pas dans d’affreuses douleurs comme on pourrait le penser. Tu as créé ta bulle, ton intimité, ton espace de naissance malgré un environnement peu favorable. C’est donc aussi possible d’accoucher naturellement même si toutes les conditions de sont pas réunies ».
Je fus un certain temps très en colère contre cette sage-femme. Puis avec du recul, j’ai compris qu’elle avait fait ce qu’elle pouvait avec ce qu’on lui avait appris. Les écoles de sage-femme les forment à être de bonnes techniciennes de la naissance avec formatage aux protocoles. L’ouverture et la formation à l’accouchement physiologique qui me semblent indispensable en parallèle n’est pas dispensé. C’est en exerçant leur profession ou en devenant sage-femme libérale qu’il y a parfois l’envie d’une autre pratique pour accueillir nos bébés sur cette terre.
Je n’incrimine en aucun cas l’accouchement médicalisé. Par contre, je pense que chaque future mère, chaque futur père devrait avoir la possibilité de choisir l’accouchement qui leur convient le mieux et que nous puissions tendre vers « j’ai donné naissance à mon bébé » au lieu de «ma sage-femme m’a accouché ».
Une autre prise de conscience fut ce fameux choix du lieu de naissance et des intervenants. L’importance de bien s’assurer que l’équipe soit ouverte et respectueuse des plans de naissance. De demander un ou plusieurs rendez-vous accompagnés de son conjoint avec la cadre sage-femme si l’on sent que l’équipe n’est pas vraiment formée ou ouverte. Et surtout, plutôt choisir tout de suite une maternité qui propose des accouchements dans l’eau ou des accompagnements pour des accouchements naturels.
J’ai aussi compris que si je n’avais pas vécu cette expérience, je n’accompagnerai pas les couples vers la naissance de leur bébé comme je le propose aujourd’hui. Mon accouchement m’a amené diverses réflexions que je n’aurai peut-être pas eu et m’a permis d’affiner ma sensibilité et mon approche dans mes accompagnements périnatal.
Si vous souhaitez un accompagnement périnatal à Aix-les-bains, Chambery ou La Motte-Servolex, vous pouvez prendre un RDV ci-dessous.
Au plaisir
Fanny